Psychologie du développement auprès des animateurs
juin 2015
C’est curieux pour moi de faire de la psychologie du développement. J’avais commencé dans mon ancienne structure et il faut bien le dire, je ne savais pas trop où j’étais ni ce que je faisais…
L’année dernière, un commanditaire me recontacte et me propose à nouveau de réaliser des jours de formation sur la psychologie du développement…Et bien allons-y ! Me voilà alors immergée, noyée sous mes contenus, mes bouquins, mes recherches, le Cairn etc… Bref, je prends le taureau par les cornes et me remets à jour sur ce que j’étais censée avoir appris dans mes premières années de fac. Si je dois faire de la psychologie du développement, autant le faire bien. Je rencontre également une autre responsable de formation avec qui j’échange très régulièrement et à nous tous, émerge peu à peu un programme de plus en plus cohérent.
Pendant longtemps j’ai eu tendance à croire que la psychologie du développement n’était pas vraiment mon cœur de métier. Je le vivais comme quelque chose d’assez « détaché » de moi. Et puis le temps faisant son travail, les jours de formations passant, les discussions avec les étudiants se faisant, je finis par me dire que tout cela n’était vraiment pas loin du tout de psychosociologie, notamment telle que je la conçois…
En effet l’étude des groupes et des Institutions « repose » d’une certaine manière, sur le lien social. Le groupe, et la famille surtout, constitue l’espace de fondation du lien social.
Et finalement, on peut se dire que la psychologie du développement, c’est l’histoire du lien social, l’histoire d’un Sujet en devenir.
Ce qui fait de nous un sujet différencié, c’est la relation à l’autre. Ce qui fait que nous prenons conscience de nous-même, c’est la présence de l’autre. L’autre nous aide à nous définir. En vérité il n’existe pas à proprement parler, de psychologie individuelle, notre individualisme est « garanti », « permis », « possible » par la présence de l’autre. La psychologie de la personne ne peut se comprendre que dans la relation à l’autre. On parle d’ailleurs d’une « two body psychology » (une psychologie « à deux corps »).
Il faut bien comprendre que pour le nourrisson, lorsqu’il vient au monde, il n’a pas encore la capacité de se concevoir comme une personne à part entière (bien qu’il en soit une, comme le disais Françoise Dolto). Pour le tout petit, lui et sa mère constitue une entité non différencié. Son corps et le corps de sa mère ne forment qu’un. Il lui faudra plusieurs mois, années (et aussi toute une vie) pour réaliser qu’il est une personne et sa mère, une autre personne.
Et c’est bien là que se joue à la fois tout l’enjeu de la psychologie du développement mais aussi l’enjeu de l’accès au groupe. Le groupe est le levier, le vecteur de la différenciation, et donc de la relation.
On voit alors comment la psychologie du développement raconte l’histoire du lien social.
Ainsi je m’y suis retrouvée. Je traite bien sûr de la motricité, de la cognition et du langage, mais c’est à travers la relation que je me saisis de cette question du développement.
Le public auquel s’adresse ce contenu, ce sont des animateurs. Et c’est à travers leur parole, leur questions, leur pratique que la question de la relation a émergé.
Ils travaillent dans des structures très variées, MJC, Maison pour Tous, Accueil périscolaire, centre de vacances….
Ils occupent une place intermédiaire entre la famille et l’école et par la même peuvent proposer un autre cadre de la relation. Ils sont les artisans de l’Education Populaire, c’est-à-dire l’éducation à vivre ensemble. Ils permettent une autre expérience de la relation.
D’ailleurs, les rencontrer est une expérience assez incroyable tant leur capacité relationnelle semble « simple et évidente » (signe d’un attachement de bonne qualité). Ils ont cette flexibilité qui permet à l’autre de venir expérimenter la relation, de partir, de revenir, de se réajuster. Et c’est bien là que se situe leur compétence la plus essentielle…